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BARROBJECTIF
12 juillet 2011

Jean-Paul Ledieu

Regards obliques

ostende 02-10-2006 (63)

Très jeune, j’étais très attiré par le monde culturel, artistique et aussi le libertinage.

A cette époque à Paris, où je vivais ma période bohème, je me suis rendu compte que je voyais les gens et les choses de façon un peu différente et c’est en faisant quelques photos par hasard que j’ai eu l’impression que c’était facile et à ma portée. Puis j’ai longtemps hésité entre devenir photographe ou voyou ; j’ai opté pour la première solution tout en gardant des liens très étroits avec les gens du milieu, pour au cas où « mon talent » ne serait qu’éphémère. Puis mes rencontres avec Maurice Béjart, Robert Doisneau, Francis Hidalgo, Helmut Newton et beaucoup d’autres ont eu raison de mes penchants et c’était parti pour une longue carrière qui fut quand même très chaotique. Car, comme tout le monde le sait, dans le milieu de la photo la connerie et l’incompétence sont parfois et trop souvent des qualités dominantes.

Donc après quelques années ronronnantes, mais riches sur le plan créatif, la peur de la routine m’a pris et je suis parti sans savoir où j’allais. Car j’étais persuadé d’avoir du talent et d’être suffisamment connu pour repartir vers de nouvelles aventures. Donc me revoilà libre, tellement libre que je n’ai pas retrouvé de travail. Ensuite je me suis orienté (après quelques essais) vers la photographie de plateau, d’abord pour la télévision. Essai concluant avec orientations vers le cinéma, le théâtre, les concerts dont cinq ans de formidable collaboration avec Jean-Claude Casadesus. Tout ceci  jonché d’expositions thématiques sur des sujets autres que le monde du showbiz.

LILLE (2)

Les photos présentées à BarrObjectif sont issues de l’observation du comportement des gens dans les rues de grandes villes.

Car la rue est un vivier où rien ne se passe jamais comme prévu. Elle est le royaume des riches, des pauvres, des honnêtes, des branleurs, des passagèrement gais ou lourdement dépressifs. Bref, la rue est un très grand et beau théâtre vivant avec un casting à faire pâlir tous les professionnels du spectacle. Il est donc très facile d’en faire une étude imagée, par exemple sur le comportement amoureux en milieu urbain (car l’habitat urbain se prête parfaitement à ce genre d’ébats).

Observations techniques par rapport au sujet présenté :

Avant les prises de vue, je fais toujours de longs repérages en promeneur lambda, un peu faux cul qui fait semblant de s’intéresser à autre chose que de ce qu’il a l’intention de piéger plus tard. Je repère mes futurs cadrages, cadres de secours, lumière, contre-jour, tout ceci parce que sur mes photos je ne veux aucun élément parasite tel que voiture, panneau publicitaire ou autre merde qui nous pollue la vue et qui détourne le regard du sujet principal (b.a.ba de la photo). Je veux des fonds neutres car je recherche des images intemporelles, surtout pour ce genre de sujet. Donc dire que je suis passionné est un bien grand mot. J’aime la photo mais je déteste faire des prises de vue et c’est certainement pour cette raison que ces clichés sont pensés, repérés, assimilés et ce qui facilite l’instant de la prise de vue.

Toutes ces images sont des photos volées, d’où leur spontanéité. Je n’ai pas à demander l’avis des gens, d’ailleurs je travaille très vite et ils ne se rendent pas compte qu’ils sont dans la boite. Pour ce genre de sujet, il faut travailler comme un « sniper » embusqué.

Pour terminer, je pense qu’un artiste n’a pas tous les droits mais a le droit de tout dans son domaine, à condition de respecter la vie privée de tous et de ne pas travailler dans un esprit paparazzi.

Sur le terrain, je ne demande rien à personne, je fais mon travail où je veux et comme j’ai envie de le faire. Je m’autorise tout car l’autocensure, dans la mesure où elle contrarie une idée ou une pensée première, peut être destructrice et porter atteinte à la pensée originale.

Quant à la technique, elle m’importe peu car il faut qu’elle soit instinctive, tout comme les cadrages qui sont ce qu’on veut bien voir ou regarder et surtout momifier, car la photo contrairement au cinéma est une image arrêtée, bonne ou mauvaise. Ensuite, reste à savoir ce qui définit une « bonne » d’une « belle » photo. Qui en décide ? L’auteur ou le public ? Car une image n’est pas racontable, ne serait-ce que par rapport au ressenti au moment de la prise de vue où on est seul à vibrer devant le bruit, le silence, les odeurs, senteurs ou autres puanteurs que seul l’auteur sait.

 

LILLE-CENTRE MAI 09 (143)

 

Il est bien entendu que tout ceci ne concerne que moi et qu’heureusement d’autres voient, analysent et amènent des résultats différents.

Heureusement, sinon ces rencontres de Barro seraient d’une tristesse infinie. Bonne exposition, Beau et bon regard.

 

Jean-Paul LEDIEU 

 

 

 

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