Maurice Cuquel

"Sahraouis : les exilés des sables"

En 1975, les espagnols abandonnent le Sahara occidental aux mains du Maroc et de la Mauritanie. Le peuple sahraoui qui rêve de l'indépendance d’un « pays sahraoui » doit alors émigrer dans des camps de fortune dans le sud algérien. En 1991, un espoir surgit avec le cessez-le-feu et la promesse d'un référendum sur l'autodétermination. Promesse non tenue…. 

Dans ces camps de réfugiés règne une étrange atmosphère, comme s'il s'agissait d'une aventure spatiale à l'envers : le rêve d'un peuple de quitter le paysage lunaire de son exil pour revenir sur Terre. Pourtant la vie continue dans cette capitale des exilés, éclatée en cinq grands camps reliés par des chemins où les pneus des Land Rover laissent leurs empreintes. De cette situation naissent des histoires humaines hors du commun dans cet univers d'oubli.

Comme beaucoup, je suis à la fois intrigué et admiratif. Intrigué par la capacité d'un peuple à garder l'espoir dans l'attente et à trouver l'énergie pour continuer. Admiratif devant la combativité et l'organisation au quotidien des sahraouis après ces 33 ans d'exode dans une des zones les plus inhospitalières du désert.

J'ai demandé à des femmes et à des hommes du camp de Dakhla qui ont, à quelques années près, l'âge de cet exil de poser devant mon objectif en tenant dans leurs mains l'objet qu'ils emporteraient s'ils quittaient le camp dans l'instant.

Réfléchies et pondérées, quelquefois surprenantes, toujours empreintes d'une profonde humanité, les réponses fusent comme autant de symboles et de leçons de vie à l'attention du spectateur d'Europe du nord.

Un jour, peut être la guerre et le conflit diplomatique seront terminés pour de bon. Quel espoir ? Quelles réponses les sables et les hommes de bonne volonté apporteront-ils ?

Front polisario : Abréviation de Front populaire de libération de la Saguia el Hamma et du Rio de Oro – Mouvement politique et armé du Sahara occidental, soutenu par l'Algérie et principalement composé d'indépendantistes sahraouis. 

RASD : République Arabe Sahraouie Démocratique

UNHCR : Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés

PAM : Programme alimentaire mondial

Reportage réalisé dans le camp de réfugiés de Dakhla (Algérie) en novembre 2007 en partenariat avec l'association Kareen MANE - Aed ( Aide aux enfants démunis )

Maurice CUQUEL : témoin d’autres quotidiens

«  Je hais les voyages et les explorateurs. » se défendait Claude Lévi-Strauss.

Maurice Cuquel ne voyage pas dans la vie, il vit le voyage. Il donne un sens à ses voyages en s’interrogeant sur le sens de la vie de ses contemporains, parfois lointains mais si proches. Mais son voyage ne prend tout son sens que quand il nous en transmet à son retour sa « substantifique moelle ». Pour cela, Maurice dispose d’un langage puissant et direct : l’image, la photographie. Depuis les petits boxeurs cubains qui rêvent sur le ring une vie meilleure, jusqu’aux boxeurs birmans dont la vie se résume et se confond avec leurs rêves de boxe. Des haïtiens qui rêvent de démocratie, aux moines birmans qui s’interdisent d’y rêver. Des chercheurs de poussières d’or qui rêvent d’or pour des idoles plaquées d’or, au peuple exilé des sables du désert qui par delà des décennies d’oubli continue à rêver un pays, un espoir, une vie hors des camps et éduque ses enfants à vivre pour ce rêve.

«  Nous sommes de l’étoffe dont les rêves sont faits », c’est parce que d’un pays l’autre, Maurice Cuquel photographie l’humain au bord de ses rêves que nous nous rapprochons de ses images comme si nous reconnaissions en elles le miroir de notre  propre humanité.

Maurice Baux, Directeur Pôle des Techniques de l’Image

http://reportagephoto-cuquelm.net