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BARROBJECTIF
5 juin 2010

Maria Stefanek

"Camp Casilino 900"

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La société moderne parle souvent du respect des cultures ancestrales, regrettant leur progressive uniformisation et disparition. Cette déliquescence culturelle est souvent vue comme une conséquence de l’appauvrissement de la civilisation actuelle.

Dans un camp rom, le plus grand d’Europe occidentale, construit dans la banlieue de Rome 40 ans auparavant, des nomades issus des Balkans ont apporté une richesse matérielle et spirituelle infinie, legs des peuples qui les ont accueillis pendant des siècles. Sur une zone d’à peine un kilomètre carré, ces derniers ont construit des baraques, souvent très spacieuses, pour vivre d’une manière très traditionnelle, le plus proche possible de leurs coutumes. Ces maisons de fortunes sont recouvertes de tapis et de coussins sur lesquels, selon les coutumes medio orientales, ils ont consommé leurs repas, offerts le café aux parents et amis et priés dessus. Ces nomades ont tapissé les murs et plafonds de leurs demeures d’étoffes bariolées, un moyen de se replonger dans l’atmosphère turque, une des nombreuses cultures qui les a façonnés.

Dans ce lieu hors du temps, ils ont célébré des mariages, baptêmes, funérailles et d’autres fêtes selon les commandements de leur religion. Une vie d’un autre temps qui se déroule dans l’indifférence générale des habitants des quartiers voisins.

De leur présence découle un étrange phénomène : le temps s’est suspendu, entre modernité et urbanisation.

Malgré les nombreux obstacles, une société tribale a survécu, conservant même une grande partie de ses traditions.

L’adversité, ce sont les autorités communales qui en 2010 ont décidé de fermer le campement et de transférer ses habitants dans d’immenses camps. Ces derniers, entassés dans de minuscules containers y sont surveillés nuit et jour. Ces conditions de vie misérables et dégradantes ont insidieusement détruit l’identité d’un peuple.

Chacun a pris ses objets personnels, d’une grande valeur, comme des reliques de leur culture en voie de disparition.

Les fastueuses robes de mariées de femmes rom, transmises de génération en génération ont été détruites lors de leur déplacement forcé.

Pour les fêtes familiales, on loue un hôtel, bien entendu seulement quand on en a les moyens. Pour les autres, c’est la totale improvisation. Vive la modernité !

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