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BARROBJECTIF
25 mai 2008

La Charente Libre, vendredi 18/09/2009

 

L'ÉTERNEL VOYAGEUR FAIT UNE PAUSE À BARRO

Marc Riboud, figure du photo reportage, participe dimanche à Barr0bjectif. Toujours entre deux avions, à 86 printemps

Thierry CORDEBŒUF

 

Marc Riboud, figure de la célèbre agence Magnum, est l'invité d'honneur de BarrObjectif, qui démarre demain

Marc Riboud arrive de Rome où il supervisait la sortie d'un ouvrage sur le Tibet et se prépare à partir en Chine une nouvelle fois. Avant, il était à New York pour une énième exposition, alors que le musée de la vie romantique de Paris lui consacrait une rétrospective. Entre-temps, l'octogénaire a achevé un ouvrage sur l'Algérie et s'envolera bientôt pour l'Arabie Saoudite. Toujours en mouvement, toujours à l'affût, appareil en bandoulière. A 86 ans. Son obsession: «Photographier le plus intensément possible la vie la plus intense».

Entre deux avions, entre deux reportages, Marc Riboud passe quelques heures à Barro, dimanche. Cette figure de l'agence Magnum, dont il fut le président, a accepté de parrainer la dixième édition du festival charentais. Dans la prairie de Barro livrée à la photographie pendant dix jours, l'invité vedette présente une sélection de clichés en format géant regroupée sous le titre: «Mieux vaut en rire». Une aubaine pour un événement culturel qui fête dimanche son dixième anniversaire en compagnie d'un observateur à la fois intransigeant et tendre du siècle passé et du début de ce XXIe. Eternel voyageur hors d'âge qui continue plus que jamais de vivre d'un bout à l'autre de la planète, de Porto Alegre à Barro.

Vous êtes l'invité d'honneur de BarrObjectif. Qu'est ce qui vous amène en Charente, pour présenter quoi ?

Marc Riboud. On m'a invité, donc je viens. Pourquoi j'aurais refusé ? J'avais entendu parler de Barro par des amis photographes à Arles. Pour cette exposition en plein air, j'ai choisi des photos drôles, la plupart inédites. En ces temps de morosité, les gens ont besoin d'humour.

Vous préparez un livre sur l'indépendance de l'Algérie. Plus de quarante-cinq ans après, pourquoi ?

M.R. C'est la volonté de deux maisons d'édition, une française et une algérienne, qui m'ont contacté pour réaliser un livre bilingue sur l'indépendance, avec des textes en français et des textes en arabe. C'est une première, je crois. J'ai couvert les deux dernières années de la guerre d'Algérie, 1961 et 1962, et la bataille de l'indépendance. Je faisais la navette entre Alger et Paris pour apporter mes films et les développer. Je dormais la nuit dans le labo et je reprenais l'avion le matin.

Quel cliché vous a le plus marqué pendant ces deux années ?

M.R. C'est la photo qui illustre la couverture du livre: l'explosion de joie du 5 juillet 1962, quand l'indépendance est proclamée. Je me suis retrouvé au beau milieu d'une foule de milliers de jeunes gens qui dévalaient une colline d'Alger en chantant avec des drapeaux. J'étais tout seul, je pensais aux centaines de milliers de morts de cette guerre, des deux côtés. Je craignais un peu un acte de revanche, mais deux jeunes m'ont aidé à monter sur un camion pour faire mes photos.

Le Tibet est le thème d'un autre livre qui sortira à Noël. Vous en avez publié combien ?

M.R. Je n'en sais rien, une quarantaine je pense. Pour le Tibet, j'ai retrouvé un reportage en couleur que j'ai réalisé il y a vingt-deux ans. Je pensais l'avoir perdu. La maison d'édition Acte Sud a souhaité les publier. Je reviens d'ailleurs d'Italie, où il y a d'excellents imprimeurs, pour veiller à l'impression de cet ouvrage.

Après Barro, vous retournez en Chine. Pour quel journal ?

M.R. Mais je ne sais pas, je ne travaille pas à

la commande. Il

existe des photographes qui ne lèvent pas leurs fesses si on ne leur commande pas un sujet. Moi, j'ai donné aux journaux l'habitude de faire d'abord les reportages, puis de leur proposer. Ils ne prennent aucun risque.

Vous avez 86 ans et vous travaillez encore ?

M.R. Qu'est ce que vous voulez que je fasse d'autre ? Faire des photos, ce n'est pas un travail, c'est un plaisir, même si j'ai souvent vu des gamins mourir à côté de moi. Quand je suis dans ma maison en Touraine, je me promène. Le reste du temps, je fais des photos, je m'amuse.

Le festival commence demain à 16h et s'achève dimanche 27 septembre. Inauguration avec Marc Riboud ce dimanche à midi. Ouverture de 16h à 20h ce samedi, de 14h à 19h du lundi au vendredi, de 10h à 20h samedi 26 et les deux dimanches. Soirée «photographes» avec Catherine Gaudin et Seydou Touré demain à 20h30. Visite commentée de l'exposition à la torche dimanche à 20h30. Entrée gratuite.

 

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